Avec l’absence avérée de moyens de l’Etat et les tensions financières des collectivités territoriales, un doute se glisse quant à la nécessité de l’engagement public en faveur de la culture et des arts.
Rapport après rapport, une » manne » d’argent privé est convoitée pour renforcer le mécénat (rapport Herbillon), pour abonder des ressources extrabudgétaires pour le spectacle vivant (rapport sur le Financement du spectacle vivant/développer, structurer, pérenniser – mars 2012) ou encore pour soutenir les librairies indépendantes fragilisées (rapport du 13 mars : Soutenir la librairie indépendante pour consolider l’ensemble de la chaîne du livre : une exigence et une responsabilité partagées). Qui obtiendra cette manne dont la Fondation pour le patrimoine reçoit déjà 50 % ?
Depuis toujours, la responsabilité du politique est d’affirmer des priorités et d’effectuer des choix.
Nous, élus à la culture, adhérents de la FNCC, le formulons unanimement et de manière pluraliste ainsi :
‘‘Notre pays est sa culture. Elle en développe l’imaginaire, en trace les espoirs, en dénonce les errances. Elle est dans l’harmonie des villes, dans les mots par lesquels nous échangeons notre volonté d’agir ensemble. La culture entretisse nos attentes les plus personnelles et nos rêves les plus collectifs. Elle nourrit et accueille les différences, les confrontations, les identités multiples pour construire le dialogue de la diversité et le lien de la solidarité. Elle ouvre notre pays à l’Europe et au monde. Elle accueille l’Europe et le monde dans notre pays.
La culture est richesse, emploi, innovation, développement territorial, attractivité. Elle est aussi écoute, émancipation, intelligence et reconnaissance de l’autre, liberté. Une création paupérisée, un patrimoine abandonné, une culture négligée, mèneraient vers une société fragile, passive, craintive. Une telle société, soumise à la seule loi de l’argent, conduirait à une civilisation en voie d’étiolement démocratique.”(*)
Sans nier l’intérêt de promouvoir des croisements solidaires entre ressources privées et publiques, sans nier non plus la pertinence de diversifier les sources des financements en faveur de la culture, la FNCC rappelle ici la raison de sa vigilance.
Dans notre histoire nationale, du Conseil national de la Résistance à l’effort récent en faveur des musiques actuelles ou pour la numérisation du patrimoine écrit ou cinématographique, en passant par Jean Vilar, Malraux, la loi sur le prix unique du livre ou la création du label « art et essai » pour la diffusion cinématographique, la France a affirmé la responsabilité majeure de l’implication des pouvoirs publics pour les arts et la culture.
Telle est la condition d’une République dont le sens est d’assurer l’exercice de la volonté libre de comprendre et d’agir au lieu de subir, dans la confusion d’un imaginaire bloqué.
(*) Extrait du carnet d’auteurs élaboré par la FNCC pour la préparation des Etats Généraux de la Démocratie territoriale du Sénat – http://www.senat.fr/fileadmin/