Résolution du 28 mars 2009
Sur les élections régionales
Les principales caractéristiques du scrutin ont été une forte abstention, une défaite majeure pour la droite gouvernementale, un relatif succès du parti socialiste, un résultat appréciable des listes Europe Écologie, et un retour de vigueur du Front National. Le NPA paye le prix de son refus de l’unité par la baisse de ses résultats. Les listes du « Front de Gauche » constituées, dans une démarche trop étroite maintiennent le pourcentage acquis lors des élections européennes, sans toutefois se hisser à la hauteur des possibles. La Fédération s’est engagée, parfois avec succès pour la constitution de listes larges et s’est impliquée dès le premier tour dans onze régions métropolitaines, dans des configurations très variées, allant de listes de large union de l’ensemble de la gauche radicale à des listes de rassemblement partiel, avec différents partenaires, le plus souvent le Front de Gauche. L’attitude dominatrice des partis institués – NPA et partis du Front de Gauche – ont été des obstacles à la réalisation d’une unité plus large, et d’une dynamique populaire qui aurait permis des résultats plus substantiels.
La très forte abstention, particulièrement dans les zones urbaines les plus défavorisées et dans la jeunesse, est la manifestation d’un rejet des formes dominantes de la politique – rejet parfois vécu comme un rejet « de la politique » tout court. Elle est aussi le résultat de l’absence désespérante d’alternative crédible au système en place, un PS discrédité par sa renonciation à tout changement significatif apparaissant comme la seule opposition susceptible de remporter l’élection. Ce refus de se rendre aux urnes doit être considéré comme l’indice de la crise du système politique dans son ensemble, d’un système délégataire, accaparé par les partis politiques.
Cette crise politique frappe particulièrement la droite gouvernementale, qui ressort affaiblie et divisée de cette séquence, ce qui peut ouvrir de nouvelles perspectives pour les mobilisations, si elles sont à la hauteur.
Le résultat du Front National est à la fois l’effet de la déception d’une partie de l’électorat que Sarkozy lui avait durant un temps capté, en particulier dans les milieux populaires, et de la légitimation donnée par le pouvoir aux thèmes favoris de l’extrême droite xénophobe et raciste, et singulièrement les thèmes islamophobes. Ils traduisent aussi, sous un mode réactionnaire, la crise de la représentation et le discrédit du système politique.
Quelles que soient les spécificités de la région, le cas particulier du Limousin montre le potentiel d’une stratégie unitaire : la liste de large union que nous soutenions a été amenée à se maintenir au second tour compte tenu des exclusives du parti socialiste, et a amélioré son score du premier tour.
Les débats autour des régionales ont contribué à accélérer la crise des organisations de la gauche de transformation sociale et écologique. Le NPA en sort profondément divisé. La crise du PCF prend un tour inédit. Des secteurs entiers de ce parti ont résisté aux choix locaux en faveur de listes « gauche plurielle ». Un certain nombre de militant-e-s, cadres et élu-e-s, devant l’impossibilité constatée de le faire évoluer, en ont annoncé leur démission. Le PG lui-même n’est pas sans turbulences. Et le Front de Gauche, tel qu’il s’est constitué entre le PCF, le PG et la Gauche Unitaire connait des tensions qui pourraient s’approfondir dans les semaines qui viennent. Le temps des recompositions de la gauche alternative est donc toujours d’actualité, et sans doute plus que jamais.
Dans certaines régions, des campagnes unitaires ont permis un travail en commun sur les problématiques locales et les habitudes ainsi prises peuvent servir de base à des cadres unitaires.
Grands axes de nos perspectives immédiates
Les résistances à la politique d’un pouvoir discrédité se multiplient. Nous nous devons de développer et consolider toutes les initiatives allant dans ce sens, en particulier lorsqu’elles s’inscrivent dans des cadres de luttes unitaires, qu’il s’agisse des collectifs pour la défense du service public, de l’hôpital ou de l’accès aux soin, de l’enseignement et de la recherche, des luttes pour l’égalité ou contre les violences policières, contre les discriminations et stigmatisations de tous ordres, de solidarité avec les sans papiers, ou pour les salaires et minima sociaux, pour l’emploi, contre les fermetures d’entreprises, des luttes environnementalistes, féministes, ou internationalistes. Le Gouvernement entend faire de la destruction du système de retraite un test des capacités de mobilisations. Ce combat est dans la période qui vient l’un des plus essentiels.
Nous devons contribuer à ce que les acteurs de ces luttes affirment leur propre pouvoir transformateur de la société.
La Fédération contribuera à tous les cadres unitaires réunissant des organisations politiques et des organisations du mouvement social, des citoyennes et des citoyens, et s’attachera à susciter de tels cadres partout où cela est possible, pour l’action et pour l’élaboration de propositions.
Notre politique unitaire doit être poursuivie. Nous sommes pour le front le plus large pour que celles et ceux qui, dans le mouvement social, ne se reconnaissent pas d’option particulière à l’intérieur de la gauche de gauche, ne soient pas tenu-e-s de « choisir » tel ou telle partenaire de lutte, ou ne soient contraints à rester dans l’expectative politique. Nous ne sommes pas favorables à la concurrence libre et non faussée au sein de la gauche de gauche.
Notre attention sera tournée autant vers les militantes et militants des diverses organisations de la gauche radicale et du mouvement social que vers leurs structures de direction : les recompositions en cours sont loin d’être achevées, et nous devons à la fois ne pas les oublier et ne pas les tenir pour acquises.
Comités de liaison, rencontres bilatérales ou multilatérales, forums etc., voilà ce qu’il importe à présent, en tenant compte des situations locales, de mettre en place et de généraliser.
S’agissant de la Fédération, des efforts décisifs doivent être mis en œuvre, dans l’esprit de la résolution de janvier (voir ici en attaché pour faciliter son utilisation), et jusqu’à l’Assemblée Générale de Juin pour la renforcer et la développer, en ayant le souci d’une animation élargie, et de la participation de toutes celles et tous ceux qui souhaitent y investir tout ou partie de leur activité militante.