Séance du Conseil Général du 12 mars 2010 – Intervention de Marie-Claude Garel
Rapport 10.22 – Petite enfance
Monsieur le Président, Cher(e)s Collègues,
La petite enfance a toujours été un dossier sensible sur lequel le département ne peut que faire des efforts, quelque soit son classement par rapport aux autres dans ce domaine. C’est facile de regarder ce qui se fait ailleurs, comme vous le faites si souvent, encore faut-il répondre aux besoins importants des familles altoséquanaises, exprimés largement lors des assises du département dont votre prédécesseur était si fier.
Votre gouvernement demande d’augmenter les structures d’accueil + 200 000 places d’ici 2012. Au regard de la politique menée dans notre département, ce chiffre annoncé a bien peu de chance de voir le jour notamment avec le budget qui nous est proposé cette année + 0,42 %.
« Stagnation » semble être le maitre mot concernant le domaine de la petite enfance.
Je cherche à comprendre comment vous pourriez tenir vos promesses : création de 4000 places en crèche sur 5 ans, sachant qu’aujourd’hui vous multipliez vos financements aux crèches privées à but lucratif ou aux micro-crèches, structures qui ne pallient pas à la demande et ne créez que marginalement des places en crèches publiques sans prendre en compte le réel prix de journée.
Votre désengagement depuis plusieurs années dans ce domaine est inquiétant, non seulement pour la future génération, mais aussi pour les femmes et la famille qui doivent trouver des palliatifs en matière d’accueil pour leurs enfants.
Les effluves du magnifique bouquet que vous m’avez offert pour la journée de la femme flottant dans l’air, Monsieur le Président -et je vous en remercie-, je tiens à parler des conséquences familiales que peuvent avoir cette absence d’accueil. Les femmes sont les premières à pâtir du système, avec des congés maternité inadaptés et des conséquences dans leur emploi. Fondamentalement, l
’aide à l’accueil de la petite enfance est un facteur d’égalité homme/femme, nécessaire.
L’OCDE a mis en avant qu’il y avait corrélation directe entre le nombre de places en crèche et le nombre de naissances.
Hier, à l’appel du collectif « Pas de bébé à la consigne », les professionnels de la petite enfance étaient en grève pour dénoncer un décret de votre gouvernement qui menace la qualité d’accueil. Dans les Hauts-de-Seine, ils étaient très nombreux.
Ce décret prévoit, notamment, l’augmentation du taux d’accueil en surnombre, la création des fameux jardins d’éveil, l’extension des capacités maximales d’accueil des assistantes maternelles et la diminution du nombre de personnes qualifiées dans les structures.
Ce décret remet en cause la qualité de l’accueil car accueillir un enfant, ce n’est pas seulement changer les couches et faire un vague atelier pâte à modeler, c’est aussi observer ce qui se passe, aider à son épanouissement mais aussi déceler les difficultés, les problèmes grâce à une expertise professionnelle.
A chaque âge selon ses besoins, les structures d’accueil de la petite enfance avec leurs personnels qualifiés accompagnent l’enfant dans son développement et le prépare à son entrée dans le monde de l’école maternelle en respectant et construisant, à côté des familles, son développement affectif, cognitif et social.
Mettre en place des jardins d’enfants avec encadrement réduit et en sous qualification ne respecte pas le droit des enfants à l’accès à une école maternelle en toute petite section, voire en petite section. Cette banalisation de l’accueil des enfants de deux/trois ans contribue à la fermeture de classes en maternelle, augmentant ainsi le nombre d’élèves dans toutes les autres classes. Il n’y a pas de petits profits pour réduire le nombre d’enseignant, vous sabordez notre école maternelle que de nombreux pays nous envient par sa qualité éducative et ses pratiques pédagogiques dynamiques, prenant en compte les difficultés socio-linguistiques des enfants.
Dans le domaine de la petite enfance, il y a matière à avoir une réelle ambition, pour cela il faut augmenter la participation du département au fonctionnement des crèches et à l’investissement pour de nouvelles structures. Ce sont des choix à faire et visiblement, Monsieur le Président, ce ne sont pas ceux que fait la majorité départementale pour répondre aux besoins des habitants des Hauts de Seine.