Elus communistes: dire la Vérité

De Roger Martelli

Quelques semaines avant les élections municipales et cantonales du printemps dernier, Marie-George Buffet, Michel Laurent et le noyau dirigeant du PCF annonçaient urbi et orbi que le PCF aurait 13 000 élus à l’issue du scrutin. Compte tenu que le chiffre officiel de 20003 était de 11 600 élus communistes et apparentés en France, l’annonce pouvait déjà surprendre. Au lendemain de l’élection, l’ambiance était à la satisfaction.

Curieuse attitude, prétendument optimiste et combative et, en fait, du plus noir pessimisme : voilà maintenant les communistes contraints à se réjouir des moindres reculs, comme autant d’éclatantes victoires. Par rapport au pire, quel bonheur de n’avoir que du moins bien !

Simplement, voilà : aujourd’hui les chiffres sont tombés. Il y a quelques semaines, je faisais circuler un tableau du nombre d’élus communistes, en laissant vide la dernière case. Je republie ce tableau, mais, cette fois, la dernière case est remplie. Au lieu des 13 000 claironnés, l’ANECR comptabilise 6 849 élus communistes et apparentés et précise que les associations départementales « annoncent » des chiffres pour un total de 9 483 (sur un total général de 550 000 élus en France). Au mieux, le PCF a donc perdu un peu plus de 22% de ses élus depuis 2001, au pire 44%. Entre un quart et la moitié de perte depuis 2001 ; les trois quarts au mieux depuis 1977.

Les chiffres sont donc bien là. En 2008, les maires communistes sont 95 de moins qu’en 2001, soit une perte à peu près comparable à celle enregistrée entre 1995 et 2001 (100) ; les maires « apparentés » ayant été un peu plus nombreux qu’en 2001, le total des maires PC et apparentés accuse une baisse de 61 contre 87 entre 1995 et 2001. La perte des deux années est sensiblement moins forte qu’entre 1983 et 1989 et entre 1989 et 1995, mais elle prolonge l’affaiblissement structurel du communisme municipal.

Toujours entre 2001 et 2008, la population des communesadministrée par un maire communiste a baissé de 300000 habitants. En 1977, le PCF administrait 1 464 communes totalisant 8,6 millions d’habitants ; en 2008, il en compte 725 (dont 561 ayant à leur tête un membre du PCF) totalisant 3,2 millions d’habitants.

Entre 1945 et 1958, la moyenne du vote communiste s’établissait en France à 25,2%. Entre 1959 et 1978, ce chiffre est passé à 20,3%, puis à 14,1% entre 1979 et 1988, à 9,4% entre 1989 et 1998 et 5,7% depuis 1999.

Les communistes doivent trancher en toute connaissance de cause, dit-on. Il faut, pour qu’il le fassent, commencer par mettre cartes sur table. Il ne faut pas mentir. L’affaiblissement du PCF le marginalise gravement dans l’espace politique, le vouant à devoir choisir entre le rôle de supplétif et celui d’aiguillon de majorités socialistes recentrées.

En décembre 1920, alors que le socialisme unifié comptait pour 22% des suffrages exprimés, la majorité des socialistes a décidé de rompre avec l’organisation à laquelle ils tenaient tant, parce qu’ils considéraient que cette rupture était la condition pour faire vivre l’idée révolutionnaire. En 2008, le PCF affaibli ferait le choix de ne surtout pas rompre ? Pour préserver quoi ?

Heureusement que les dirigeants qui prônent la continuation de l’existant n’assumaient pas de responsabilité en décembre 1920. Car jamais alors il n’y aurait eu de Parti communiste français.

 

 

 

 

 

 

 

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