SEANCE DU CONSEIL GENERAL du 11 avril 2008
Intervention de Patrice Leclerc – rapport n°08-114 et 08.87 – Developpement économique local et politique départementale de retour à l’emploi,
Monsieur le Président, cher(e)s collègues,
Depuis votre prise de responsabilité, vous avez une orientation déclarée Monsieur le Président : resserrer l’action du Conseil général sur ses missions, gérer avec rigueur ou plutôt développer la rigueur en limitant les dépenses. Cette orientation s’inspire d’une idéologie : le libéralisme. Ce n’est pas un scoop, vous êtes assez constant idéologiquement, Monsieur le Président, et ce depuis longtemps.
Cette politique, contestable, que nous contestons, a, en plus, une application qui n’est pas équitable car elle se traduit par plus de rigueur quand il s’agit de prestation en direction des personnes, d’aides directes, d’investissement dans l’humain et moins de rigueur et d’exigences quand il s’agit de contributions en faveur des entreprises.
Depuis plusieurs années, depuis que je suis élu ici, j’entends la majorité UMP, les différents présidents et vices présidents s’enorgueillir de la politique départementale, en tout domaine, et sur le terrain de l’emploi en particulier. La réalité, pourtant, tranche singulièrement avec les mots. Il n’y a pas de particularisme des Hauts-de-Seine, à catégories sociales égales, par rapport au reste du pays. Le chômage monte et descend au même rythme que nationalement, l’industrie est particulièrement détruite ici, les inégalités sociales et territoriales ne sont pas plus réduites ici qu’ailleurs. Rien d’étonnant, vos politiques ici, sont les mêmes qui nous conduisent à l’échec nationalement.
Votre politique, n’est en fait pas originale, elle accompagne les politiques libérales menées ces dernières années : " appropriation privée des bénéfices et des richesses, collectivisation des investissements, des frais d’infrastructures, des dégâts sociaux dus aux licenciements ", culpabilisation des personnes en difficultés, des chômeurs et déresponsabilisation social du patronat !
Vous vous félicitez, comme le gouvernement de la baisse du chomage. Nous aimerions pouvoir vous féliciter si derrière ces chiffres ne se cachait pas une tout autre réalité : le nombre de chômeurs inscrits baisse, mais au prix de radiations massives , notamment des chômeurs de longue durée (-22.7% en un an), des chômeurs de très longue durée (-24.1%).
Mais revenons à vos propositions : sur le volet retour à l’emploi du PDI-RE, la modeste augmentation que vous nous proposez cache une réalité décevante : mis à part un effort sur les formations qualifiantes et sur l’accompagnement à l’insertion professionnelle, tous les postes stagnent et certains restent ridiculement bas. L’effort, pour aider les chômeurs n’est donc pas en adéquation avec nos moyens.
Ce qui est étonnant, au regard de ces ambitions affichées en matière d’emploi, c’est l’évolution des crédits alloués aux demandeurs d’emploi et aux jeunes, en baisse d’un million d’€… qu’observe-t-on ?
- Une stagnation de l’enveloppe allouée aux maisons de l’emploi et dont le montant, comme l’a déjà évoqué P. Jarry reste bien en deçà des possibilités du département
- Une baisse des crédits alloués aux formations (- 420 000 €)
- Et une baisse de 460 000€ des allocations versées aux stagiaires…
Pour illustrer votre politique de deux poids, deux mesures, restriction pour les aides aux personnes, largesse pour les entreprises, je constate que vous annoncez la fin prochaine de Vocation 92, programme d’aide aux étudiants, sous prétexte qu’il existe beaucoup de dispositif, et dans le même temps vous maintenez les crédits pour le dispositif ALIZE, qui n’a pas fonctionné mais qui vise à aider les entreprises.
Notre Conseil Général, le plus riche de France a les moyens d’innover en matière d’emploi, il ne le fait pas, appliquant les mêmes recettes que nationalement.
J’en viens donc au développement économique.
Projets et engagements du CG dans ce domaine ne sont pas moins contradictoires …une sorte de constance dans l’incohérence.
Vous accordez par 2M d’€ de dotation pour la gestion de la Défense…or il est de notoriété publique et politique que les communes concernées sont sans le sou, et il est bien légitime que les contribuables des Hauts de Seine payent à leur place ! En fait, la Défense rapporte aux communes concernées et coûte à tous les habitants des Hauts-de-Seine. Voilà une drôle de gestion de l’intérêt général ! Pourquoi aider à la gestion des espaces publics de Courbevoie et de Puteaux qui ont de fortes recettes fiscales et pas à Nanterre, à Asnières, à la Garenne Colombes, à Antony ?
Que dire enfin des 8.9M€ que vous nous proposez d’allouer aux pôles de compétitivité du département ? Le groupe communiste et citoyen avait à l’époque argumenté sur l’inefficacité économique et social de ces dispositifs, voire leur caractère contreproductif. Vous nous avez pas cru, pas entendu et pas suivi. C’est dommage.
Je vous recommande un rapport du CEPREMAP (CENTRE POUR LA RECHERCHE ECONOMIQUE ET SES APPLICATIONS, PARIS, RECHERCHE, ECONOMIE) intitulée " Les pôles de compétitivité : que peut-on en attendre ? ", et dont les conclusions vont à contre courant de l’enthousiasme suscité par la politique de développement de ces pôles. Ses auteurs mettent en évidence la vacuité de cet aspect de la " nouvelle politique ind
ustrielle " de la France qui consiste à s’affranchir des règles européennes en matière de développement industriel et d’interdiction des subventions directes en subventionnant les structures de gestion des pôles plutôt que les entreprises directement.
Je ne listerai pas ici tous les problèmes soulevés par cette étude très documentée mais il nous semble important de répéter que
- les gains de productivité et les résultats quantitatifs des pôles de compétitivité sont loin d’être avérés. Nous souhaiterions à ce sujet que soient évaluée de manière chiffrée l’activité des pôles financés par le CG ainsi que des unités qui les composent.
- Les pôles de compétitivité augmentent la spécialisation territoriale avec au moins 3 conséquences néfastes
- Concentration au détriment des territoires qui auraient pu attirer une entreprise du pôle
- Concentration des grandes entreprises au détriment de plus petites unités
- Dépendance du territoire au pôle
- Enfin, l’impact des politiques de soutien aux pôles sur l’emploi est loin d’être avéré. Et sur ce point précis il est même avéré que Médicen n’a pas remplit une part de son contrat puisque l’un des objectifs auxquels avait souscrit Médicen était précisément le développement de l’emploi. Or Sanofi licencie 471 personnes. D’ailleurs il est troublant que le président de Médicen, M. Muller, soit également Senior Vice président du groupe Sanofi-Aventis… il serait de bon ton de le rappeler à ses engagements et de lui demander de rétrocéder les subventions perçues du Conseil général.
Ce scandale est cautionné par notre département qui persiste et signe en gratifiant ce pôles d’entreprises privées d’une subvention de plus de 8M€.
Nous vous demandons de sortir de ce dispositif de pôles de compétitivité.