Par Jacqueline Rouillon, maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Jacques Bourgouin, maire de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Christophe Cavard, vice-président du conseil général du Gard, Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, Ivan Renar, sénateur du Nord.
Les communistes sont de nouveau consultés sur l’orientation du Parti lors de la présidentielle.
Le bulletin de vote propose un authentique choix : soit maintenir la candidature de Marie-George Buffet, soit chercher une solution alternative. Nous n’avons pas pour habitude de faire des textes collectifs, mais aujourd’hui notre inquiétude est telle que nous avons décidé de prendre la plume.
La présidentielle de 2007 sera l’occasion d’une recomposition en profondeur de la vie politique française. Sarkozy annonce une radicalisation bushiste de la droite, le PS se repositionne au « centre gauche », Le Pen pourrait être renforcé. Dans ce contexte, une gauche antilibérale rassemblée créerait une véritable alternative ; elle replacerait le centre de gravité de l’échiquier politique vers la gauche, comme lors de la consultation sur le référendum et lors de la lutte contre le CPE qui suivit. Ce serait un événement politique tout autant que social. Nos permanences d’élus disent l’urgence. Tout indique que le peuple va choisir cette échéance pour dire ses douleurs, sa colère, sa volonté. L’inscription importante des jeunes des quartiers populaires sur les listes électorales en est un indice. Dans ce contexte, il est impossible de se résoudre à l’absence de l’option antilibérale.
D’ores et déjà l’espoir créé par l’éventualité de ce rassemblement est palpable. En témoigne le succès des meetings. Si cet espoir était déçu, la sanction serait sévère pour tous ceux qui en seraient tenus pour responsables. Sans un rassemblement dynamique, unitaire, large, en mesure d’offrir une perspective enthousiasmante, l’échéance de 2007 sera marquée par le souvenir de 2002, autrement dit par le vote « utile » contre la droite et l’extrême droite.
Si la gauche antilibérale rassemblée était absente du scrutin présidentiel, comment imaginer produire une dynamique crédible et visible lors des élections législatives prévues cinq semaines après ? Et que dire des conséquences d’un tel échec sur les échéances locales…
Nous avons lors de notre congrès fait un choix stratégique. Le rapport de Michel Laurent au dernier Conseil national du Parti ne cache pas que « nous ne pourrions pas nous réclamer du rassemblement actuellement constitué puisque des composantes de celui-ci refuseraient de soutenir la candidature de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle ».
Remettre en cause les orientations de notre congrès, celui du rassemblement antilibéral, à quatre mois d’une échéance majeure provoquera de vives tensions dans le parti. Les communistes engagés dans la réussite du rassemblement antilibéral seraient meurtris par un tel retournement de situation. Nous savons combien le rassemblement et la motivation des militants et des élus communistes sont essentiels pendant une campagne électorale. Les décevoir serait lourd de conséquences.
Nous aurions souhaité que la candidature de Marie-George fasse consensus parmi le courant antilibéral de gauche. Nous regrettons qu’il n’en soit pas ainsi. Dès lors, soit nous sortons du processus unitaire, soit nous recherchons une solution de compromis. Des noms existent ou sont avancés qui semblent pouvoir faire consensus. Toutes les pistes alternatives doivent être examinées pour sortir de l’impasse. C’est pourquoi et sans hésitation, nous voterons mercredi soir pour l’option 2.
Article paru dans l’édition du 20 décembre 2006.