Montredon, le 23 novembre 2006
Chers ami(e)s, cher(e)s camarades,
Il y a six mois, j’ai fait savoir que j’étais disponible pour incarner, sur le bulletin de vote de l’élection présidentielle, notre rassemblement unitaire de la gauche anti-libérale.
J’ai immédiatement précisé que, pour créer les conditions d’une
dynamique populaire et électorale autour d’une stratégie et d’un
programme communs, il convenait de mener une campagne collective
rassemblant, sur une même tribune, toutes les forces qui avaient
contribué au succès du « non de gauche », le 29 mai 2005, de la Lcr aux
socialistes anti-libéraux. Et j’ai ajouté aussitôt que ma démarche
n’était pas personnelle mais que, pour garantir l’unité la plus large
possible, il ne pouvait être question de se ranger derrière le
porte-parole de telle ou telle composante de notre rassemblement. Comme
d’autres, en tant que syndicaliste et acteur du mouvement social
anti-libéral, je pense pouvoir servir d’accélérateur à une dynamique de
rassemblement qui a un objectif plus ambitieux que de faire un simple
score de témoignage.
*Six mois plus tard, force est de constater que les forces de la
division l’ont provisoirement emporté sur les forces de l’unité.*
Le Parti communiste veut imposer Marie-George Buffet comme candidate et
ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins. Il a multiplié la
création de collectifs qui ne représentent, localement, que la
sensibilité communiste. Il mène campagne de manière autonome, en
parallèle de quelques grands meetings unitaires. Il se livre à des
pratiques d’un autre âge en refusant, par exemple, de valider le
procès-verbal d’une réunion de notre collectif national au cours de
laquelle l’écrasante majorité des participants a fait savoir que
Marie-George Buffet ne pouvait pas incarner, sur le bulletin de vote, la
richesse de notre rassemblement.
La Lcr, de son côté, vient de confirmer son engagement dans une campagne
autonome avec Olivier Besancenot comme candidat. Elle multiplie les
arguments pour justifier un prétendu désaccord de fond sur notre
orientation commune. Elle pratique l’unité à la carte, un pied dedans,
un pied dehors, sans rechercher les voies et les moyens d’une campagne
réellement unitaire. Elle préfère se mesurer électoralement au Parti
communiste plutôt que de répondre, de manière collective, à l’espérance
née de notre succès commun victorieux dans le combat contre le projet
libéral de Constitution européenne.
*Le Parti communiste et la Lcr ont pris la responsabilité de casser la
dynamique unitaire et, par voie de conséquence, de renoncer à répondre
aux attentes des couches populaires les plus frappées par les dégâts de
la mondialisation libérale. *
Je le regrette profondément. Acteur du mouvement social et du combat
altermondialiste depuis de longues années, je considère qu’il est temps
de traduire nos mobilisations dans l’espace politique et électoral.
Notre responsabilité fondamentale reste en effet de ramener dans la camp
de la gauche les millions d’électeurs et d’électrices qui, déboussolés
par vingt-cinq ans d’alternance sans changement fondamental de leurs
conditions d’existence, ont progressivement choisi de déserté les urnes
ou de disperser leurs voix jusqu’à l’extrême droite. Le 21 avril 2002,
la gauche a perdu parce qu’elle n’avait pas su répondre aux attentes des
citoyens et citoyennes les plus touchés par la précarisation sociale
généralisée.
Toutes celles et ceux qui souffrent socialement n’attendent pourtant
qu’une seule chose : une perspective crédible de changement qui ne se
résume pas à quelques aménagements du système économique. Sans remise en
cause radicale des logiques économiques libérales qui, des décisions de
l’Omc jusque dans la vie quotidienne, conduisent à la marchandisation
des services publics, au dumping social, à la croissance vertigineuse
des inégalités, il n’y a d’autre issue que le renoncement à changer
vraiment la vie. Entre la simple alternance et la véritable alternative
anti-libérale, il existe un fossé qui nous sépare d’une gauche plus
encline à gérer le pouvoir qu’à engager la transformation sociale.
*Pour donner sens à ce combat pour une alternative anti-libérale, il
nous faut impérativement créer les conditions d’une dynamique populaire
et électorale. C’est mal parti.*
Les difficultés pour rassembler des courants, des sensibilités, des
personnalités engagés dans notre combat commun sont compréhensibles.
L’unité est un combat. Mais force est de constater que le processus
engagé débouche aujourd’hui sur une impasse. La multiplication des
candidatures aboutit à brouiller plutôt qu’à clarifier notre
perspective, prêtant le flanc à des critiques ironiques de la part de
celles et de ceux qui ont parié depuis longtemps sur notre échec. En
s’enfermant dans la méthode dite du « double consensus », le collectif
national a pris le risque de donner une image plus groupusculaire que
populaire de notre rassemblement. Il a beaucoup trop tardé à dire
ouvertement que la candidature de Marie-George Buffet était incompatible
avec une logique unitaire.
J’ai proposé, sans succès, que nous mobilisions toutes celles et tous
ceux qui se reconnaissent dans notre démarche pour choisir le candidat
ou la candidate la mieux à même de porter notre message dans le cadre
d’une campagne collective. Il ne s’agissait nullement de désigner des
vainqueurs ou des vaincus mais de faire participer activement les
citoyens et les citoyennes à la dynamique unitaire. C’était, aussi, une
manière de construire un rapport de forces populaire. La résistance à
cette proposition – qui prend pourtant d’autant plus de sens après que
le Parti socialiste a su désigner, à sa manière, sa propre candidate –
témoigne d’une incompréhension des attentes citoyennes en matière de
participation active aux choix politiques.
Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,
*Pour l’heure, et sous réserve d’événements qui changeraient
profondément la situation actuelle, j’ai donc décidé de retirer ma
proposition d’incarner notre rassemblement sur le bul
letin de vote de
l’élection présidentielle.*
Je n’entends pas, en effet, continuer de servir d’alibi unitaire à
d’autres desseins, partidaires ou personnels. Je n’entends pas non plus
semer des illusions auprès des amis et des camarades qui viennent,
toujours très nombreux, soutenir la démarche de rassemblement dans les
meetings. Je n’entends pas m’engager pour autre chose qu’une démarche
unitaire et populaire visant à modifier durablement, à l’occasion de
l’élection présidentielle, la donne électorale à gauche.
Je poursuivrai naturellement le combat avec vous toutes et tous, sur les
bases stratégiques et programmatiques qui sont les nôtres. La création
des collectifs unitaires est le signe d’une volonté de construire une
espace politique nouveau, après la victoire des collectifs du « non »,
il y a dix-huit mois. Nous trouverons ensemble, j’en suis sûr, les voies
les plus adéquates pour participer activement aux prochaines échéances
électorales législatives, municipales et cantonales, à l’occasion
desquelles nous espérons bien porter haut et fort le message de la
gauche anti-libérale.
Fraternellement,
José
COMMUNIQUE DE PRESSE du PCF
Plus que jamais, c’est à l’espoir qu’il faut travailler
Nous venons d’apprendre que « sous réserve d’évènements qui changeraient profondément la situation actuelle », José Bové a décidé de retirer sa proposition d’incarner le rassemblement sur le bulletin de vote à l’élection présidentielle. Nous regrettons cette décision.
Nous ne sommes pas d’accord quand José Bové dit que la dynamique unitaire est cassée, au contraire elle grandit. Dans tout le pays, une grande attente existe, dont témoigne l’immense succès des premières réunions publiques unitaires, d’un rassemblement des femmes et des hommes de toutes les sensibilités de gauche, communistes, socialistes, écologistes, républicains, d’extrême gauche, pour battre la droite et ouvrir une nouvelle voie à gauche.
Il est compréhensible qu’en construisant quelque chose de neuf, il y ait des difficultés, mais elles ne sont pas insurmontables. Nous avons déjà réussi à nous rassembler sur un objectif commun, la gagne. Nous avons déjà réussi à construire, tous ensemble un programme. Il n’y a aucun raison de renoncer sur la question des candidatures. L’heure n’est pas au renoncement, mais à la concrétisation d’un espoir commun à des millions d’hommes et de femmes.
Les communistes font tout leur possible pour élargir notre rassemblement, au monde du travail, à la jeunesse, aux quartiers populaires. Nous faisons tout notre possible pour que des dizaines de milliers d’altermondialistes, d’écologistes, de communistes, de socialistes, de républicains, d’extrême gauche rejoignent notre rassemblement.
C’est le sens de l’appel lancé par Marie-George Buffet, aux femmes et aux hommes de gauche.
C’est dans l’engagement de tous et la responsabilité de chacun que réside l’élargissement à toutes celles et ceux qui voudront faire vivre et gagner cet espoir.
Alors, il sera facile de régler démocratiquement la question des candidatures, nous dépasserons toutes les difficultés par la démocratie, seule voie possible.
Après la direction de la LCR qui a décidé de présenter la candidature d’Olivier Besancenot sous ses propre couleurs, José Bové annonce qu’il ne croit plus à notre rassemblement. Le succès possible de cette démarche dès 2007, implique que tous les hommes et femmes de gauche puissent se reconnaître dans cette démarche, c’est la raison pour laquelle, ce rassemblement antilibéral doit et devra constamment rester ouvert à toutes celles et ceux qui aspirent à ce que nous puissions permettre ensemble à notre peuple, majoritairement, de se prononcer en 2007 pour une politique de gauche.
Olivier Dartigolles, Porte-parole du PCF
Paris, le 24 novembre 2006.