La séance publique du conseil général était mouvementée vendredi dernier. Journée marathon sur le budget, elle fut aussi l’occasion pour les anti CPE de rappeler au Ministre de l’Intérieur l’exigence de la population de retrait de la loi.
C’est dès 8h le matin que les conseillers généraux communistes, socialistes et verts se sont retrouvés pour remettre ensemble un tract au personnel du conseil général présentant le vœu contre le CPE qu’ils devaient soumettre plus tard en séance. A leurs côtés, l’intersyndicale FO, CFTC, CGC, CFDT, FSU, CGT distribuait un tract appelant à la grève et aux manifestations du 28 mars. Une heure plus tard, l’assemblée départementale planchait sur le budget et les rapports dits « hors incidences budgétaires » avec notamment le dossier sur le haut débit qui annonce un engagement financier entre 25 et 70 millions d’euros (lire article page 4). Alors que la matinée tirait à sa fin, élus communistes et élus socialistes s’apercevaient qu’ils délibéraient dans une salle fermée, interdite au public. Ils demandaient l’ouverture des portes comme la loi l’impose. Tergiversation de la majorité, demande de suspension de séance s’enchaînaient alors. Malgré les dires du président de séance qui affirmait que les portes du Conseil général étaient bien ouvertes, les élus de gauche constataient de leurs côtés qu’elles étaient bel et bien fermées.
Pour cause, Nicolas Sarkozy, Président du Conseil général/Ministre de l’intérieur ne voulait pas prendre le risque de voir s’inviter en pleine séance, les opposants au CPE. A l’extérieur, effectivement, salariés du Conseil général, étudiants et lycéens étaient venus pacifiquement faire entendre leur mécontentement. Si Nicolas Sarkozy refusait de les écouter, les manifestants recevaient cependant la visite et le soutien des élus communistes et socialistes. Des élus qui eurent ensuite toutes les peines du monde à revenir en séance. Un cordon de CRS les empêchait en effet de retourner dans les locaux du Conseil général. Les élus forçaient le passage dans une bousculade assez vive avec les forces de l’ordre. Mais ils se retrouvaient bloqués une fois de plus, cette fois-ci par le personnel de sécurité du Conseil général. Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur reprenait la séance et faisait voter les taux. Vote contesté par les élus de l’opposition à la reprise de la séance l’après-midi obligeant l’assemblée à voter de nouveau pour se mettre en conformité avec la loi. Puis Catherine Margaté, présidente du groupe communiste présentait le vœu commun du groupe communiste, socialiste et verts demandant le retrait du CPE. La majorité UMP votait contre comme un seul homme. La situation se tendait après l’intervention sur l’emploi de Patrice Leclerc qui soulignait en séance à l’intention de Nicolas Sarkozy « Le journal Les Echos rappelait que le 16 janvier, l’UMP que vous présidez revendiquait la paternité du CPE. C’est Valérie Pécresse, la porte parole de l’UMP qui déclarait que le CPE a été « élaboré, puis calé, après plusieurs entretiens entre le Premier ministre et le président de l’UMP». Vous n’êtes donc pas que solidaire du gouvernement, vous êtes un des auteurs de «cette rupture » dans le code du travail. Il faut assumer cette paternité. » Réaction vive du Président du Conseil général qui trouvait « injurieux l’amalgame ». On ne saura pas quel amalgame celui-ci trouvait injurieux : Sarkozy/Villepin ? ou Sarkozy/CPE ?
Plus tard le groupe communiste proposait que le conseil général ne subventionne aucune entreprise qui utilise le CNE ou le CPE.
Puis Jacques Bourgoin intervenait vivement contre la suppression de la ligne budgétaire pour la construction d’un quatrième collège à Gennevilliers. Il démontrait ensuite, chiffre à l’appui, que le département des Hauts-de-Seine n’avait pas de politique ambitieuse en matière de logement social et qu’il y avait loin des paroles aux actes. « Avec un budget global de 48 millions d’euros, il reste toujours très inférieur au budget habitat et logement du budget 1996, d’un montant de 63 euros ». « Le bilan 2005 constate la réalisation de 1500 logements sociaux, 34% en plus signifie donc 2000 logements pour 2006 soit moins qu’en 2004. Nous sommes très loin de l’objectif des 3300 logements affichés ».
La droite votait contre un amendement présenté par Patrice Leclerc demandant une hausse de 2% des subventions aux conservatoires de musique, celles-ci n’ayant pas augmenté depuis 2 ans. La séance se prolongeait jusqu’à 22 heures. Un vrai marathon organisé par le Président Sarkozy pressé de s’occuper des affaires nationales, alors que Michel Laubier, pour le groupe communiste déclarait à propos du budget : « Au lendemain de la crise majeure qui a secoué nos banlieues, l’occasion était belle de prendre des engagements importants, en matière de cohésion sociale, en matière de logement, de solidarité, pour ne citer que des sujets parmi les plus sensibles. Vous n’avez pas fait ce choix : c’est très regrettable ! »
Denis Ozenne.
article de la Voix Populaire