Rapport 06.39
Fonds d’insertion des jeunes
Intervention de Nadine GARCIA
Monsieur le Président, cher(e)s collègues,
Je vais sur ce rapport vous faire part de mes remarques et de celles de travailleurs sociaux en espérant qu’elles recevront une meilleure écoute qu’à l’accoutumée. J’émets ce vœu car il me semble avoir compris qu’en ce moment vous étiez plus sensible aux vertus de la concertation.
Concernant ce rapport, je souhaiterais faire plusieurs remarques.
Premier point : l’effort demandé aux communes est important à 2 niveaux :
– par rapport à l’organisation du travail administratif et social :
Les communes doivent : – organiser et animer les commissions locales
– instruire les demandes individuelles
– assurer le secrétariat du dispositif
– par rapport à leur participation financière puisqu’elles assurent tout ce travail sans aucune contrepartie financière et que, de plus, leur part au financement du dispositif augmente. Auparavant, le PRIJ, dispositif pour les jeunes de 16/17 ans était totalement pris en charge par le département et les communes finançaient 1/3 du FLAJ, pour les jeunes de 18 à 25 ans. Aujourd’hui, les dispositifs sont regroupés et vous proposez aux communes d’intervenir à hauteur d’1/3 sur l’ensemble.
Deuxième point : je rappelle que lors de notre séance du 25 mars 2005, tout en ayant émis un avis favorable sur le dossier relatif au Fonds d’insertion des jeunes, j’avais alerté sur une disposition du rapport « le versement de l’aide financière est assuré par le service départemental de l’ASE territorialement compétent ».
Un an après, l’expérience confirme que cette organisation est inadaptée. Pourtant vous la confirmez dans ce rapport puisque les communes ont le droit de réaliser tout le travail « à l’exception de la notification aux intéressés » (cf le rapport).
Le département notifie la décision et remet l’aide.
On imagine pourquoi vous souhaitez une telle organisation mais la conséquence de ce nouveau fonctionnement, c’est un dispositif inadapté pour des jeunes en grande difficulté et qui perd en efficacité.
En effet, le public visé par ce dispositif est essentiellement composé de jeunes qui n’interpellent les services ou les structures qu’en dernier ressort. Il est alors nécessaire d’être réactif et de donner une réponse rapide notamment lorsqu’il s’agit d’aide alimentaire ou de frais d’hébergement.
– Concernant les hôteliers ils sont de plus en plus nombreux à refuser de travailler avec le Conseil général du fait des modalités et des délais de paiement et de plus en plus souvent ils exigent avant l’entrée du jeune une attestation de prise en charge par le dispositif.
– Les jeunes qui sont reçus sont souvent en situation d’errance, hébergés temporairement, la majorité des courriers ne leur parvient pas. Les délais de réponse sont bien trop longs et cela conduit les CCAS à intervenir sur leur fonds pour répondre aux urgences.
– Il n’est pas possible de remettre les aides en plusieurs fois alors que ce mode de fonctionnement était adopté par les travailleurs sociaux pour aider certains jeunes à gérer les sommes attribuées et assurer pour ceux qui en avaient besoin un contact régulier, une relation de confiance. Aujourd’hui pour garder cette qualité dans le travail social, il faudrait faire un dossier toutes les semaines….
– il n’est pas possible d’aménager les horaires pour les remises d’aides aux jeunes en emploi ou en formation, et comme il n’existe pas de groupement ASE dans toutes les communes, cela oblige à des déplacements difficilement accessibles pour des jeunes sans argent.
– enfin, la majorité des jeunes suivis ne possèdent pas de compte bancaire ou postal, ou s’ils en ont un, au moment où ils viennent nous voir ils sont souvent à découvert. Les versements ou les chèques ne sont pas un mode de paiement adapté.
La circulaire du 21/12/2004 précise : "la délégation de la gestion du fonds à des communes remplace donc les actuels fonds locaux et pourra permettre par exemple à une commune contribuant au fonds d’en distribuer directement les aides dans le cadre d’une convention avec le département"
Il est donc tout à fait possible de retrouver un fonctionnement identique à celui du FLAJ.
Sur ce sujet comme sur d’autres, comme il n’y a aucune honte à reconnaître une erreur, je vous renouvelle donc ma demande que sur ce point précis, les choses soient modifiées afin de permettre aux fonds locaux d’aide aux jeunes de poursuivre un travail de qualité.