I25/03/05-NTERVENTION GENERALE SUR LA PETITE ENFANCE

Intervention de Nadine Garcia

(lue par Michèle Fritsch)

Monsieur le Président, cher(e)s collègues,

L’accueil de la petite enfance est une préoccupation majeure pour les familles du département. Les besoins sont croissants, le taux d’activité féminin est très élevé dans les Hauts de Seine, il est de 79,5% contre 73% au plan national. En 2000, il y avait 51595 enfants de moins de 3 ans qui avaient besoin d’un mode de garde, en 2003, ce sont 58642 enfants.

Alors qu’une grossesse devrait être essentiellement vécue comme un moment de bonheur, elle est le plus souvent source d’angoisse pour les parents inquiets quant à la possibilité de trouver un accueil de qualité pour leur enfant. Ils sont à la recherche d’un moyen de garde sécurisé, offrant des moyens d’éveil, d’apprentissage, de socialisation et à un coût financier supportable.

C’est ce qu’ils ont exprimé très fortement dans leurs réponses aux questionnaires des états généraux, en demandant des solutions à la fois collectives (augmenter le nombre de places en crèches) et innovantes (financer le développement de nouveaux modes de garde plus souples) plutôt que des aides financières individuelles. Or, c’est pourtant cette dernière solution que vous privilégiez comme orientation concernant l’action du département en laissant au privé le marché prometteur de la petite enfance. Cela se traduit très concrètement par votre proposition, pour le budget 2005, d’attribuer 25% des crédits d’investissement à destination des structures privées !

Je tiens à redire combien nous trouvons choquant que le département, en s’appuyant sur les fonds publics de la CAF et de l’Etat ouvre le marché de la garde des enfants au secteur marchand. Il faut croire l’affaire intéressante car, bien que votre décision soit toute récente, les annonces de crèches privées fleurissent déjà dans de nombreux lieux dans le département.

Pour notre part, nous continuons d’exiger que le département s’engage prioritairement dans une politique de développement des structures d’accueil dans le cadre d’un service public de qualité et qu’il prenne des initiatives fortes pour la formation de personnels en nombre suffisant.

C’est ce que viennent de faire avec juste raison les départements de Seine St Denis et du Val de Marne et de Paris, en avançant dix propositions pour améliorer la formation et le recrutement de professionnels lors d’une initiative à laquelle notre exécutif était convié. J’en présente quelques unes :

Développer la formation publique par l’Education Nationale ainsi que la formation initiale préparant aux concours ; développer l’offre dans les lycées professionnels (enseignement gratuit), question qui sera traitée dans le cadre du Schéma Régional des Formations par la Région.

Valoriser les métiers de la Petite Enfance
– accéder à un véritable statut
– développement de la professionnalisation
– revalorisation des aspects salariaux.

Développer l’attractivité du territoire francilien

Les professionnels sont confrontés dans la Région aux problèmes de logement, de transport qui entraînent une instabilité des équipes, ce qui pose le problème de quel type de développement pour la Région ( débats sur le SDRIF) et de favoriser des contrats d’engagement avec les élèves permettant leur stabilisation.

Adapter le concours d’accès à la Fonction Publique Territoriale en travaillant avec le Centre de Gestion à une adaptation des formations et types de concours et en inscrivant dans le programme du CNFPT des formations aux concours. Diversifier les voies de formation avec la mise en place de la valorisation des acquis de l’expérience et le développement de l’apprentissage. Prendre en compte l’évolution des métiers : on est passé d’une mission sanitaire à une mission sociale et éducative et les situations sont de plus en plus complexes. Il convient de revoir le contenu de la formation initiale, de réactualiser les formations aux puéricultrices, et d’améliorer le soutien aux professionnels pour tenir compte de la dimension affective par la formation continue. Ouvrir des perspectives et des passerelles d’évolution des carrières en facilitant la mobilité entre les corps par la formation continue et le passage de concours et en construisant une évolution de carrière vers d’autres types de métiers.

Ces propositions enrichissent celles que nous avions élaborées dans le cadre d’une véritable concertation avec des professionnels, des parents, des élus et contenues dans « La charte pour un accueil de qualité du petit enfant » et que nous avions présentée à l’assemblée départementale en mars 2003. Je rappelle ses 3 axes d’action :

– Créer 5000 places d’accueil dans des structures publiques en 5 ans,

– Mettre en place les formations nécessaires pour répondre à la pénurie de personnels qualifiés, puéricultrices, auxiliaires de puériculture,

– Adapter les structures d’accueil aux nouveaux besoins et rythme des familles

C’est ainsi que les familles pourront enfin bénéficier d’un véritable choix concernant le mode d’accueil de leurs enfants.

Nous apprécions positivement l’annonce que vous avez faite de la création de 4000 nouvelles places en regrettant, bien évidemment, qu’une partie de celles-ci soit confiée au secteur privé.

Enfin, ne tenant pas compte des attentes exprimées, et pour palier au déficit de places en structures collectives, vous avez choisi de verser une allocation de 100 euros par mois pour chaque famille qui a un emploi à domicile.

J’ai déjà eu l’occasion ici, lors d’une question orale de démontrer, chiffres de l’Aged à l’appui combien ce choix favorise les familles déjà les plus aisées. Je ne citerai que quelques exemples : à Nanterre 94 familles en ont bénéficié contre 584 à Neuilly ! Mais on peut aussi citer : Boulogne : 820 mais Villeneuve-la-Garenne : 3 et Gennevilliers : 1 !

Nous réaffirmons qu’il serait infiniment plus juste que cette allocation de 100 euros par mois soit versée à toutes les familles qui, par manque de places en crèches, sont obligées de faire appel à une nourrice agréée. Lors de la réponse à ma question, vous avez suggéré que cette proposition pourrait être examinée à l’avenir. Nous suivrons avec la plus grande attention le devenir de cette mesure juste et efficace.

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