Intervention de Patrice Leclerc le 25 mars 2005.
Le budget primitif de toute institution est le fruit, la marque, la traduction concrète de sa politique, de ses priorités, de sa volonté. La lecture de votre proposition de budget, et à l’écoute de vos interventions, vous nous présentez un budget qui n’est soutendu par aucune politique culturelle.
Votre proposition de budget à hauteur de 14,8 millions d’euros, en diminution de 0,5% sur 2004 qui se rajoutera à une baisse mécanique due à l’inflation, marque une carence de réflexion sur le rôle de la culture, sa place pour le développement humain, le rôle de notre département dans ce domaine.
Nous sommes inquiets Monsieur le Président. Je me doute bien, que la seule inquiétude du groupe communiste sur votre politique culturelle ne vous empechera pas de dormir. Vous avez l’habitude de passer outre notre opinion. Notre inquiétude est, cependant, partagée par une très grande partie des acteurs du monde de la culture. Et cela pour trois raisons.
Vous affichez fortement le fait que la culture n’est pas une priorité pour notre département.
Vous justifiez cela en prenant appui sur le fait que la culture n’a pas été classée comme une priorité par les habitants et les élus des Hauts-de-Seine, qui ont participé aux états généraux.
J’aimerai assez que vous soyez aussi prompt à suivre l’avis majoritaire de la population quand celle-ci demande une augmentation des salaires, ou l’arrêt des dépenses dans la fac privée Léonard de Vinci.
De manière plus inquiétante, il me semble que votre conception de la démocratie participative s’apparente d’avantage à du populisme ! Si les élus en charge des affaires publiques toutes ces dernières années avaient réagi comme vous, la culture n’aurait jamais été une priorité face aux réels problèmes de logements, d’infrastructures, de réponses aux besoins immédiats. Il n’y aurait donc pas eu de théâtres, de conservatoire en banlieue, d’équipements et de politiques culturels ambitieux.
Comment l’amateur de débat avec les croyants, que vous voulez paraître, peut-il oublier que le Deutéronome dit (ch. 8-3) : « …l’homme ne vit pas de pain seulement… » ? Non Monsieur le Président, la culture n’est pas qu’un supplément d’âme !
Les élus communistes souhaitent que notre département travaille et développe une politique pour lutter contre les inégalités sociales dans l’accès à la culture dans toutes ses dimensions. Que l’on développe l’aide à la création, que l’on choisisse d’investir dans l’éducation à la culture, que l’on favorise les pratiques culturelles dans leur diversité. Lors de notre dernière séance, vous avez évoquez la possibilité de construire un Zenith dans les Hauts-de-Seine pour répondre au besoin de grande salle de diffusion. Pourquoi pas ? Mais cela ne fait pas une politique culturelle.
Vous diminuez le budget de Chorus et les subventions aux actions de proximité. C’est une suite logique de vos propos critiquant à plusieurs reprises le fait que cela aide surtout à des initiatives communales. Mais qu’y a-t-il de mal a ce que notre département s’associe à des villes pour faire de la diffusion culturelle ? Peut-être que ce n’est pas assez grand, assez voyant, assez médiatique pour un Président? Certainement faut-il exiger que le logo du département apparaisse en permanence. Mais pour sa part le groupe communiste ne souhaite pas que le département s’interdise d’aider au développement d’initiatives de proximité, car le département doit aussi aider à développer des dynamiques locales, être proche des gens.
Je constate que vos critiques sur la gestion de votre prédécesseur, et de l’équipe actuelle de la majorité, servent surtout à faire « des économies », diminuer le budget culture, sans être remplacé au minimum par des réflexions sur nos orientations culturelles immédiates ou à venir. Le rapport 05.118 sur les critères d’attribution de subvention de fonctionnement pour l’organisation de manifestations festives en est une désastreuse illustration, j’y reviendrai demain. Je m’inquiète aussi du fait que le Festival de marionnette ne soit pas reconduit en 2005. Il s’agit pourtant là d’une action culturelle intercommunale, très appréciée et de grande qualité. Je constate aussi que le théatre de Gennevilliers n’apparaît pas, j’aimerai en connaître la raison et savoir si des mesures étaient envisagées pour que le retard de versement de subvention n’allait pas lui poser des problèmes de trésorerie ?
Avec votre maxime libérale « qui paie décide et qui veut décider doit payer » vous développez une conception de votre intervention dans le domaine de la culture qui s’attaque à la liberté de création et, plus largement, à l’autonomie de projet et de fonctionnement des institutions et associations culturelles du département. Nous condamnons cette approche. En effet, c’est une chose de vouloir que l’aide du département aux productions culturelles soit visible et reconnue, il peut être souhaitable que le département co-produise des œuvres, mais il serait inacceptable que les aides départementales pour le fonctionnement de lieux de création soient conditionnées à l’aval du département sur leur contenu, leur sens.