27 propositons mises débat par le PCF

La conférence de presse de Marie George Buffet
Mesdames, Messieurs
Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation. Nous rendons public aujourd’hui un document important, qui sera diffusé largement dans toute la France : il s’agit des premières propositions du parti communiste français pour bâtir une alternative à gauche.

Le document soumis à discussion : icon programmepcf.pdf (324.15 KB)

 Nous y formulons des propositions audacieuses : une sécurité d’emploi et de formation pour en finir avec le chômage, le droit de vote aux résidents étrangers, la déprivatisation des services publics et leur démocratisation, la création de services publics nationaux du logement ou de la petite enfance, des structures de contrôle de l’égalité hommes-femmes… Et tant d’autres encore. Des exigences nouvelles se forgent dans les luttes de ces derniers temps, à l’opposé des pseudo-réformes funestes du gouvernement. Il y a du grain à moudre pour celles et ceux qui veulent faire bouger les choses. Notre but est de faire entrer en politique les aspirations populaires, de les rendre incontournables à gauche, et de restaurer l’espoir de changer la vie.

Vous le savez, nous avons engagé une démarche audacieuse s’appuyant sur des forums-programme. Ces forums-programme ont commencé à réunir de nombreux hommes et femmes de gauche. Nous nous donnons la perspective de rassembler le 19 novembre prochain des milliers de délégués des forums qui se seront tenus un peu partout d’ici là. Ce jour-là se matérialisera l’événement qui est déjà en cours. Ce sera une étape importante pour la dynamique populaire qui est à l’œuvre. C’est dans ce cadre-là que nous rendons publiques ces premières propositions, de manière à alimenter le débat et à ouvrir de nouveaux champs du possible. Nous donnerons régulièrement à voir de la richesse des forums-programme et des propositions avancées. Il va s’y construire le contenu d’une alternative, et la dynamique créée autour de projets communs marquera, je le crois, le débat de toute la gauche. Ce qui émergera de cette initiative sera public et mis en partage. Je me réjouis que quelques unes de nos formules soient déjà reprises à leur compte par tel ou tel, dans le débat, en espérant qu’ils y mettent le même contenu transformateur.
La gauche balance aujourd’hui entre renoncement et transformation sociale, nous entendons qu’elle ne se trompe pas une nouvelle fois de chemin.

Notre objectif est ambitieux. Nous avons dit, au lendemain du 21 avril qu’il fallait en finir avec les accords d’Etats-majors et renouer avec notre peuple. Nous avons dit que nous voulions refaire de la politique une propriété populaire. Nous avons dit que nous voulions une gauche qui change vraiment la vie. Nous y voilà. Relever ces défis nécessite un effort important et une volonté politique forte. Face à la pédagogie du renoncement, face aux attaques, face au débat qui traverse la gauche, il faut revenir au cœur de notre peuple pour lui rendre la main. Notre démarche est radicalement novatrice au sens où elle rompt avec les expériences passées, qui n’ont pas permis à la gauche de réussir.

Aussi, dans les quartiers, les territoires, les entreprises nous voulons organiser des confrontations politiques publiques. Nous invitons toutes les forces de gauche à y venir débattre avec les citoyennes et les citoyens, à y venir construire avec eux une politique pour demain. Nous sommes attachés à cela, car la politique n’est pas une affaire d’initiés. Pour rassembler notre peuple, il faut répondre à ses attentes, il faut faire, avec lui, mouvement. Il y a dans notre pays des aspirations, des idées, des envies. Il y a une force, une force capable de changer les rapports de force et de s’opposer à l’offensive libérale et capitaliste.

Cette démarche ouvre des horizons, et suscite beaucoup d’espoir. A chaque fois, j’ai pu faire l’expérience d’une dynamique de libération, qui invite chacun à proposer, à imaginer un futur différent. Un autre monde est possible, faisons-le ensemble ! Voilà en deux mots la proposition que font les communistes. La publication de ce document, va, j’en suis sûre accélérer les choses et permettre la tenue d’un nombre encore plus grand de forums-programme. Un projet bien conçu ne s’énonce pas par la voix de communicants après avoir été écrit dans une pièce confinée par quelques énarques. Le projet de la gauche doit être le fait du peuple de gauche, et le peuple de gauche doit s’y reconnaître. C’est à lui que nous faisons appel aujourd’hui !

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Ainsi, nous rendons crédible l’idée d’un autre monde et celle d’une autre Europe. Si notre démarche ne s’en tient pas là, elle s’articule avec notre bataille déterminée pour la victoire du « non » au référendum. Ces premières propositions, c’est autre chose que la « concurrence libre et non-faussée » que l’Europe prétend nous « offrir ». Notre « non » est porteur d’alternative, et c’est là qu’il puise sa dynamique. Ce traité ferme les portes de l’alternative, il promet le démantèlement des services publics, des droits et des acquis sociaux, pour faire place nette aux ogres du profit qui dévastent nos sociétés. Nous voulons bâtir une alternative résolue au libéralisme et aux logiques capitalistes. C’est un débat à gauche. Nous pensons que le 21 avril puise ses racines dans une certaine complaisance libérale. Il faut, dans la période qui vient que chacun ait le courage de défendre franchement ses options. Sur la question européenne, c’est quelque chose que je ne sens pas bien, puisque je n’ai pas réussi à entendre un seul argument de fond, à gauche, pour le « oui ». Je considère, en effet, que le « oui » espagnol ne constitue pas un argument en soi. D’autant que trois espagnols sur dix seulement ont approuvé ce traité.

J’espère, vous me permettrez de déborder un peu du contenu originel de cette conférence de presse, que dans notre pays, les autorités se fixent des objectifs de participation nettement plus élevés et que les manœuvres auxquelles nous assistons depuis des mois, associées au défaut d’information ne sont pas destinées à faire gagner le « oui » par l’abstention de notre peuple. Si le référendum devait être avancé pour des raisons de convenance politique, cela constituerait, je crois un motif de sanction supplémentaire à l’égard de l’Europe libérale et de ses défenseurs. Je reste aujourd’hui mesurée dans mes propos, malgré le manque d’informations indécent à ce stade du débat, mais sachez que si nos craintes se voyaient confirmées, la colère serait grande : on ne joue pas avec la démocratie, surtout lorsque l’on sait d’où nous venons !

Je voudrais dire à nos concitoyennes et à nos concitoyens : mêlez-vous d’Europe. Ce ne sont pas des questions techniques. Il n’y a rien d’inéluctable dans l’Europe telle qu’elle s’est construite. C’est votre vie quotidienne qui est en jeu. Ne laissez pas passer la chance de dire « non ». Dire « non » à cette Europe-là, pour dire « oui » à une autre Europe. Une autre Europe à faire ensemble.

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